La nutrition au menu
Publié le 18 mars 2016 | Par Simone Lemieux
Sauvée par le café
Au cours de la dernière semaine, un virus m’a empoisonné l’existence. J’étais tout croche et léthargique, j’avais mal partout et perdu l’appétit. Au lendemain d’une journée passée presque entièrement sur mon divan, je me suis réveillée encore plutôt moche et avec un gros mal de tête. Et là, j’ai eu la bonne idée de me dire que je devrais au moins essayer de me faire un café. Un petit 20 minutes plus tard, je me sentais miraculeusement mieux. Était-ce juste dans ma tête?
Petite mise en contexte sur les effets de la caféine
Il est vrai que certains effets de la caféine peuvent s’expliquer par des facteurs psychologiques. On peut, par exemple, éprouver du bien-être juste à l’idée de prendre un café parce que nos expériences passées nous permettent d’associer la prise de café au réconfort. Par ailleurs, ça ne se passe pas «juste dans notre tête», car des effets physiologiques de la caféine sont très bien documentés.
Les effets de la caféine semblent s’expliquer en partie par son pouvoir d’empêcher l’action de l’adénosine1. Celle-ci est présente dans tout notre corps et favorise un relâchement des muscles des vaisseaux sanguins, notamment ceux qui irriguent le cerveau, ce qui les amène à se dilater (effet vasodilatateur). Sachez également que l’adénosine possède des effets hypnogènes, c’est-à-dire qu’elle favorise l’endormissement. Plus ça fait longtemps qu’on a dormi et plus le niveau d’adénosine augmente. Au contraire, après une bonne nuit de sommeil, la concentration d’adénosine est relativement basse.
La caféine favorise la contraction des muscles lisses des vaisseaux sanguins, ce qui rétrécie leur lumière (là où le sang circule). Ces effets vasoconstricteurs sont opposés aux effets vasodilatateurs de l’adénosine. Il est également bien connu que la caféine limite l’effet de l’adénosine sur la somnolence.
Manque de caféine et maux de tête
Si on revient à ma petite histoire, je devrais ajouter, dans la séquence des événements, que j’ai passé plus de 48 heures sans boire de café et que j’ai donc probablement été atteinte par les effets du sevrage de la caféine. Ceux-ci sont réels et bien documentés. Chez les consommateurs réguliers de café ou d’autres substances qui contiennent de la caféine (thé, cola, chocolat), le fait de ne pas avoir «sa dose» peut provoquer des effets indésirables. Il semble que je fasse partie du 50% de la population qui est plus susceptible à ces effets du sevrage. Notez qu’on n’a pas besoin d’être un gros buveur de café pour souffrir du manque de caféine; ses effets peuvent être ressentis chez des gens dont la consommation est modérée (2 tasses de café par jour, par exemple).
En gros, les symptômes sont des maux de tête, de la somnolence, de l’irritabilité et, parfois, des douleurs musculaires et des nausées. Le mécanisme le mieux documenté pour expliquer ces effets du sevrage met en évidence des changements vasculaires au niveau cérébral. La dilatation de certains vaisseaux sanguins serait en cause: l’absence de l’effet vasoconstricteur de la caféine favorise une dilatation des vaisseaux sanguins qui serait coupable des maux de tête perçus2.
Se sevrer de la caféine pour de bon?
Peut-être qu’en me lisant vous vous dites que je devrais tout simplement arrêter de consommer de la caféine pour éviter d’éventuels effets du sevrage. Je vous avoue que ça ne me tente pas vraiment, car j’aime le bon café!
En plus, la science me convainc qu’une prise modérée de caféine n’est pas nocive et peut même avoir certains effets bénéfiques. Sans faire une revue exhaustive de la littérature, je vous mentionne au passage que la caféine pourrait contribuer à prévenir le déclin cognitif et serait également associée à une réduction du risque de la maladie d’Alzheimer3. Aussi, dans une étude ayant suivi plus de 50 000 femmes sur une période de 10 ans, il a été constaté que la consommation de café (mais pas celle de café décaféiné) était associée à une réduction de l’incidence de dépression4.
Les données qui lient la consommation de caféine aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2 sont un peu plus controversées. Il semble, entre autres, que des variations génétiques pourraient influencer le lien entre la prise de caféine et le risque de maladie cardiovasculaire.
Les recommandations
Même si certains effets bénéfiques ont été associés à la consommation de caféine, un apport excessif peut quant à lui entraîner divers problèmes: maux de tête, irritabilité, problèmes digestifs, palpitations, troubles de sommeil, pour ne nommer que ceux-ci. On utilise parfois même le terme «caféinisme» pour décrire le syndrome qui caractérise une consommation excessive de caféine.
Dans ce contexte, Santé Canada a établi des recommandations concernant la consommation maximale de caféine. Il est ainsi recommandé aux adultes de ne pas dépasser 400 mg par jour alors que les femmes enceintes devraient consommer au maximum 300 mg quotidiennement. Quant aux enfants et aux adolescents, la recommandation est exprimée en fonction du poids corporel et s’établit à un maximum de 2,5 mg de caféine par kg de poids corporel par jour. Vous trouverez dans ce tableau la teneur en caféine de certaines boissons et de quelques aliments.
Voilà donc ce qui met fin à ma petite histoire sur le café. Je ne vous souhaite absolument pas d’être malade. Mais si ça vous arrive, il peut être judicieux de vous poser la question sur vos changements de consommation de caféine pendant votre épisode de maladie. Il se peut que certains de vos symptômes soient exacerbés par le manque de caféine. Si c’est le cas, vous n’avez pas grand chose à perdre en prenant un café!
1 Addicott MA, Yang LL, Peiffer AM et al. «The effect of daily caffeine use on cerebral blood flow: How much caffeine can we tolerate?» Hum Brain Mapp 2009; 30: 3102-3114. ↩
2 Jones HE, Herning RI, Cadet JL, Griffiths RR. «Caffeine withdrawal increases cerebral blood flow velocity and alters quantitative electroencephalography (EEG) activity». Psychopharmacology (Berl) 2000; 147: 371-377. ↩
3 Gonzalez de Mejia E, Ramirez-Mares MV. «Impact of caffeine and coffee on our health». Trends Endocrinol Metab 2014; 25: 489-492. ↩
4 Lucas M, Mirzaei F, Pan A et al. «Coffee, caffeine, and risk of depression among women». Arch Intern Med 2011; 171: 1571-1578. ↩
Publié le 30 mars 2016 | Par Simone Lemieux
On ne peut pas dire qu’on ne sait absolument rien sur les effets du café. Il est vrai qu’on ne sait pas tout, mais il est faux de dire qu’on ne sait rien. On est quelque part entre les deux, comme pour la plupart des questions en recherche. Le processus d’acquisition de nouvelles connaissances est normal et m’apparaît très souhaitable. Par ailleurs, je dois avouer que je comprends mal votre idée concernant le fait de vouloir paraître intelligent en rapportant des effets positifs du café.
Publié le 28 mars 2016 | Par Pierre Bilodeau
Autrement dit, on n'en sait rien, mais ça paraît plus intelligent de dire que ça pourrait prévenir que de ne rien dire.
C'est que les gens qui ont des gros problèmes de santé ne sont même plus capables de boire du café car cela les affecte trop. Ceux qui sont encore sur la caféine vont continuer à boire du café jusqu'à cela leur fasse plus de mal que de bien.
Quels sont donc ces effets bénéfiques du café? Cela relâche les sphincters du tube digestif, ce qui provoque l'indigestion: une absorption des nutriments moins efficace.
Mais si vous devez lâcher le café pour aller dans l'alcool ou la cigarette, soyez sages, restez dans le café, le mieux étant toutefois de se passer même du café.
Si on est malade pour s'être passé de caféine, ne vaudrait-il pas mieux prendre son mal en patience jusqu'à ce que l'organisme soit parvenu à éliminer la caféine et à rétablir son équilibre naturel?
Publié le 23 mars 2016 | Par Edith
Publié le 21 mars 2016 | Par denis
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